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FILIÈRE AOC COMTÉ « Non » massif des producteurs au robot de traite

L'appel lancé par les syndicats agricoles, toutes tendances confondues, à défendre les valeurs du comté, a eu un succès dépassant leurs espoirs.

Près de 1 000 producteurs se sont retrouvés pour soutenir une coopérative en bataille juridique contre l'un de ses adhérents converti au robot de traite.

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Le massif jurassien est un monde à part, un microcosme qui, grâce à ses filières AOP, ne connaît pas la crise. Le lait à comté y frise les 500 €/1 000 l. C'est aussi un territoire où les syndicats agricoles sont capables de s'accorder sur l'essentiel pour défendre une cause commune. Cet essentiel qui rallie aujourd'hui la FDSEA, les JA, la Confédération paysanne et la Coordination rurale du Doubs, du Jura et de l'Ain, c'est le combat contre le robot de traite en filière comté. L'appel au pique-nique géant et à la signature d'un manifeste pour le respect des valeurs du comté, qu'ils ont lancé au titre du collège producteurs du CIGC (interprofession du comté), a eu un succès retentissant.

Une faille dans le cahier des charges du comté

Ce sont près de 1 000 producteurs pour 2 600 exploitations à comté qui sont venus le 7 mars, à Vercel (Doubs), soutenir la coopérative de Pierrefontaine-les-Varans. Et ainsi dire non au robot de traite jugé hors jeu dans une filière qui veut garder des hommes aux étapes clés du process de fabrication du comté. Et donc de la traite, capitale quand il s'agit de lait cru. Derrière cette ligne, il y a la volonté manifeste de cultiver sa différence alors que les copies du comté commencent à taper de façon pressante aux portes des GMS.

Depuis décembre 2011, la fruitière de Pierrefontaine-les-Varans (29 exploitations et 7,6 Ml) est engagée dans un bras de fer avec l'un de ses producteurs. Au coeur du sujet, il y a le cahier des charges du comté. Si dans l'esprit, il interdit la traite au robot, dans le texte, il ne stipule que l'interdiction de la traite en libre-service. C'est en jouant sur cette faille que ce producteur, un Gaec à deux ayant acquis une stalle pour ses 45 laitières (sans la mettre en service), a porté l'affaire devant le tribunal quand sa coopérative lui a signifié qu'elle ne collecterait pas son lait, s'il persistait dans son projet de traire au robot. Et le tribunal de grande instance de Besançon lui a donné raison. Dans son jugement du 21 octobre 2015, curieux au sens où il statue sur une situation future, il dit en substance qu'avec une deuxième stalle, le troupeau pourrait potentiellement être trait matin et soir, comme exigé. Et donc que la coopérative se doit de le collecter sous peine d'amende. Résultat, la deuxième stalle Delaval acquise, la traite robotisée a démarré le 5 janvier chez ce producteur d'Ouvans (Doubs).

Le lait trait au robot écarté de la transformation AOP

Depuis, le lait est bien collecté par la coopérative, payé au prix du lait à comté, mais pas transformé en comté. Il est revendu au prix du lait standard, 200 €/1 000 l de moins, une perte à digérer par tous les sociétaires. Soit pour les 300 000 litres livrés par an par ce producteur, un effort au bas mot de 8 €/1000 l sur chaque litre de lait collecté par la coop.

Pour qu'il en soit autrement, les optimistes espèrent que cette manifestation ramène le producteur retors dans le sillage de la famille du comté. De façon plus réaliste, on peut aussi penser que la solidarité de toute la filière, qui s'est exprimée le 7 mars, débouche à moyen terme sur une aide qui permette à la coopérative de ne pas porter seule le poids de ce combat.

JEAN-MICHEL VOCORET

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